samedi 5 février 2011

Episode 12 : Musicales lucioles

Pilar et Shireen pour un quatre mains impromptu 
et magnifique (copyright - Z. Haddad).
« Recital de Música española » ! J’adore déjà ! Je pense à Genève. À mes amis et « cousins » ibères ! Juché sur les collines entourant Beyrouth, le Collège de Jamhour accueille, dans le cadre d’un dîner de gala, un concert donné par Pilar Guarné, Directrice de l’antenne barcelonaise de la Fondation Résonnance.
Sous l’emprise de son piano, je découvre le sémillant répertoire classique espagnol. Albéniz, Mompou, Halffter, de Falla, Granados ! Un magnifique voyage musical dans la péninsule ibérique des vingtième et dix-neuvième siècles. L’Espagne classique servie par la très belle virtuosité de Pilar. Douceur et pétillance au programme. Avec ce dénominateur commun que semblent avoir les musiciens de Résonnance et qui est cette indicible légèreté. Ce supplément d’âme. Courant allègrement sur les blanches et les noires, les doigts de la pianiste flottent comme autant de lucioles de lumière en quête d’élévation.
Il y a probablement là un peu d’Elizabeth Sombart, généreuse fondatrice de Résonnance. À ses côtés, Pilar a étudié la phénoménologie musicale développée par le grand maître Sergiù Celibidache. Une technique qui compose la partition de base de Résonnance et conjugue la connaissance de la musique à la maîtrise du corps et de la respiration. Autre pilier de la Fondation : « offrir la musique dans les lieux où elle n’est pas, en jouant pour les personnes qui sont en vulnérabilité sociale ». Dans les orphelinats, les maisons de retraite, les prisons, les hôpitaux.
À l’issue du concert, les quelque deux cents amateurs saluent chaleureusement la performance. Pilar me confie sa joie d’être là, « un peu comme à la maison, grâce à l’héritage arabo-andalous qui rapproche nos deux cultures ». Je suis transporté. Les petits soucis de la journée se sont évaporés. Je rentre sur un petit nuage et décide de suivre la masterclasse sur la musique espagnole que donnera Pilar le lendemain, dans les locaux de Résonnance-Liban. Histoire d’en savoir plus. Au menu, les mêmes compositeurs avec explication de leurs techniques et des fondements des rythmes espagnols : le demi ton et le mordant, qui me laisse un peu embarrassé dans une assemblée de pianistes chevronnés. Puis, le zapateado qui bouge, claque, explose de couleurs ! Andalusia !
À la fin de la séance : gâteau sur la cerise ! Pilar et Shireen Maalouf, Directrice de Résonnance-Liban et autre talent d’une subtile délicatesse, conjuguent l’agilité de leurs mains pour m’offrir un concert improvisé autour de Chopin et Mozart. Sublimissssime ! Mon petit nuage rosit, prend son ampleur et son envol ! Le rêve. Que dire devant tant de virtuosité ? J’en tombe… et repense à l’excellent travail réalisé par la société civile libanaise, dans tous les domaines.
Un peu plus tard, à quelques notes de là, je me retrouve dans le quartier de Gemmayzé pour déguster un peu de jazz, avec notamment un hommage à John Barry qui nous a quittés, il y a quelques jours de cela. Beyrouth, diverse, d’un style à l’autre. En attendant de retrouver bientôt un peu de ce oud qui me parle comme si peu d’instruments.

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