Vendredi
11 octobre, Wadih as Safi décède à l’âge de 92 ans. La nouvelle investit
rapidement les médias locaux. De mon coté, je ne percute pas vraiment. Pas
tout de suite. Il me faudra quelques heures pour comprendre. Réaliser que la
« Voix du Liban » s’est éteinte à jamais, même si je la retrouve déjà
partout, notamment sur les réseaux sociaux que je suis. Mais tout cela me
semble trop superficiel, trop banal et succinct, à l’image d’un laconique
« R.I.P. » (rest in peace – repose en paix) qui m’attriste. Point
d’hommage. Point de mémoire. Juste trois points à la suite de trois lettres.
Doux prénom
Pourtant,
Wadih as Safi, c’est un monument de la chanson libanaise. Lui, qui a contribué
à son renouveau, à l’heure de l’omniprésence de la chanson
égyptienne. Lui, qui a composé quelque 3'000 chansons mêlant folklore et
poésie. Lui, le roi de l’impro et du mouwal, qui a su exalter
l’amour, les valeurs morales ainsi que le Liban et chacune de ses parcelles qui
en a fait sa renommée. Lui, qui avait cette voix incomparable, puissante et
joyeuse. Sans oublier cette infinie douceur, inscrite dans son prénom même.
Pour moi, Wadih as Safi, c’est le Liban dans sa splendeur
et dans ses envies les plus folles. C’est toute une époque, une tranche d’une
histoire fondatrice qui semble pourtant nous filer entre les doigts pour ne
laisser que beaucoup de nostalgie. Wadih as Safi, c’est le terroir et le
folklore. C’est le Liban. C’est mon enfance et ma vie d’adulte. C’est le projet
que j’ai envisagé et qui m’a ramené à mes origines. Wadih as Safi, c’est
surtout un timbre unique et fier accompagné d’un oud guilleret et exemplaire,
qui ont tous deux su m’ancrer dans une culture que je n’étais pas forcément
appelé à connaître, moi qui ai vécu à distance, à cheval entre deux pays.
En faisant quelques recherches sur la toile, j’ai appris
qu’il avait gagné un radio-crochet à 17 ans, avant d’aller au
Conservatoire national. Puis, ce fut l’heure du succès, à la fin des années
cinquante, via de nombreux films, opérettes et autres festivals, dont il a
régulièrement partagé l’affiche ou les feux de la scène avec d’autres monstres
sacrés comme Fairouz ou Sabah.
« Wadaana Wadih » : nous avons dit au
revoir à Wadih, mais parions que sa voix continuera à bercer nos rêves libanais
et humains.
Wadih as Safi sur le Net
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