mardi 22 octobre 2013

Episode 43 : Wadaana Wadih

Vendredi 11 octobre, Wadih as Safi décède à l’âge de 92 ans. La nouvelle investit rapidement les médias locaux. De mon coté, je ne percute pas vraiment. Pas tout de suite. Il me faudra quelques heures pour comprendre. Réaliser que la « Voix du Liban » s’est éteinte à jamais, même si je la retrouve déjà partout, notamment sur les réseaux sociaux que je suis. Mais tout cela me semble trop superficiel, trop banal et succinct, à l’image d’un laconique « R.I.P. » (rest in peace – repose en paix) qui m’attriste. Point d’hommage. Point de mémoire. Juste trois points à la suite de trois lettres.
Doux prénom
Pourtant, Wadih as Safi, c’est un monument de la chanson libanaise. Lui, qui a contribué à son renouveau, à  l’heure de l’omniprésence de la chanson égyptienne. Lui, qui a composé quelque 3'000 chansons mêlant folklore et poésie. Lui, le roi de l’impro et du mouwal, qui a su exalter l’amour, les valeurs morales ainsi que le Liban et chacune de ses parcelles qui en a fait sa renommée. Lui, qui avait cette voix incomparable, puissante et joyeuse. Sans oublier cette infinie douceur, inscrite dans son prénom même.
Pour moi, Wadih as Safi, c’est le Liban dans sa splendeur et dans ses envies les plus folles. C’est toute une époque, une tranche d’une histoire fondatrice qui semble pourtant nous filer entre les doigts pour ne laisser que beaucoup de nostalgie. Wadih as Safi, c’est le terroir et le folklore. C’est le Liban. C’est mon enfance et ma vie d’adulte. C’est le projet que j’ai envisagé et qui m’a ramené à mes origines. Wadih as Safi, c’est surtout un timbre unique et fier accompagné d’un oud guilleret et exemplaire, qui ont tous deux su m’ancrer dans une culture que je n’étais pas forcément appelé à connaître, moi qui ai vécu à distance, à cheval entre deux pays.
En faisant quelques recherches sur la toile, j’ai appris qu’il avait gagné un radio-crochet à 17 ans, avant d’aller au Conservatoire national. Puis, ce fut l’heure du succès, à la fin des années cinquante, via de nombreux films, opérettes et autres festivals, dont il a régulièrement partagé l’affiche ou les feux de la scène avec d’autres monstres sacrés comme Fairouz ou Sabah.
« Wadaana Wadih » : nous avons dit au revoir à Wadih, mais parions que sa voix continuera à bercer nos rêves libanais et humains.

Wadih as Safi sur le Net


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