vendredi 7 janvier 2011

Episode 3 : « Suisse de l’Orient », « Liban de l’Occident »

« Le Léman derrière moi... » (copyright Z. Haddad).

Le virage en 2011 se fait donc, ici, déjà au rythme de « IBM » : « Inchallah, Boukra, Maalech », autrement dit « Inchallah, demain, dommage ». Adaptation, flexibilité et bonne humeur sont les maîtres mots pour relativiser celles des petites choses du quotidien qui peuvent l’être. Ce triptyque fonctionne d’ailleurs également assez bien à Genève – et ailleurs – même si cela ne se dit pas.
Derrière moi, donc, les Alpes et le Léman. Sous mes yeux, celui que l’on appelle quelquefois encore la « Suisse du Proche-Orient ». Secret bancaire, services de qualité, diversité : des arguments phares des années septante – lisez aussi soixante-dix. D’une Suisse à l’autre. Enfin, quelque chose comme ça.
Autres éléments majestueux de comparaison : les reliefs qui dessinent l’Helvétie et le Pays du Cèdre. À l’Est de ce dernier, l’Anti-Liban, tout d’abord. Plateau désertique installé à 2'300 mètres d’altitude, il forme une frontière naturelle avec la Syrie et grimpe jusqu’à 2'814 mètres avec le Hermel, dit « Jabal Al Cheikh », la « montagne du vieux », en raison de ses cimes enneigées, durant presque toute l’année, rappelant la chevelure d’un vieil homme.
Un peu plus près des rivages méditerranéens, les sommets du Mont Liban qui culminent à quelque 3'089 mètres avec « Qornet al Saouda ». Une « corne noire » pas si pointue, pas si noire. Malgré les températures relativement clémentes de ce début d’année, quelques pistes de ski sont ouvertes. M’essayant à un quizz Internet, je réalise que la Suisse recense, elle, une cinquantaine de 4'000 mètres – mon message précédent « Mange, prie, aime » et les photos qui l’accompagnent donnent un aperçu de ce que cela peut représenter et de ce que l’on n’imagine pas toujours.
À propos de reliefs et de montagnes et en attendant d’y emmener mes pas, je profite des étonnantes prises que Clément Tannouri, photographe, a placées sur son site Internet.
Plus bas, au bord de la mer, le soleil et la pluie mènent une valse ininterrompue, depuis une semaine. De l’eau ! Excellente nouvelle pour la terre et les nombreux cours qui irriguent le territoire libanais ! Et pour moi, qui adore les admirer. Apaisantes sinuosités, belles ondulations, agréables surfaces ! À Genève, la neige et le froid commandent toujours le quotidien.
La piétonne qui étonne et détonne
Autre rythmique quotidienne à Beyrouth et ses environs : l’incontournable circulation ! Constamment embouteillée et anarchique, elle s’organise pourtant, tant bien que mal, en une incroyable table de calcul : les présélections sont multipliées par deux ou trois, les trottoirs – trop rares – soustraits à l’usage des piétons, la ponctualité des rendez-vous divisée par un chiffre inconnu, à la merci d’estimations subjectives et d’excuses toutes faites. Cahin-caha, le magma routier s’articule, communique, se dissout.
Au pays de l’organisation carrée, nommément Genève, les choses ne sont pas forcément moins chaotiques : pour réduire la circulation, les autorités ont en effet choisi de scarifier les routes à haute dose de rails – le temps d’un retour peut-être salutaire vers ces fameuses années septante ! – et de signalétiques en tous genres, tout en réduisant la largeur des routes. Résultat : le nombre de voitures n’a pas diminué, les transports publics avancent à pas de fourmis, un désordre en apparence très ordonné prend le dessus et les différents types d’usagers empiètent gaiement sur leurs zones de priorité.
Pour ma part, je privilégie, ici et là, même si elle est à la merci des deux roues, la solution piétonne, souvent plus rapide. À Beyrouth, elle étonne. Détonne. Egalement adepte du taxi-service, je me déplace, en communauté, au plus près de mes envies et de mes destinations… voire au hasard des ruelles de la capitale. Le temps souvent de papoter avec les autres passagers ou d’une mini thérapie avec le chauffeur, qui remplace, en quelque sorte, l’ineffable barman hollywoodien et les onéreuses séances freudiennes.
Autres moments de dialogue féérique : la partie de backgammon. Mais, là, c’est une autre histoire. À suivre.

Coucher de soleil sur la Grotte aux pigeons 
(copyright Z. Haddad).


2 commentaires:

Cheryne a dit…

A essayer aussi,la solution pietonne avec ,en plus,une poussette...Il faut preciser que dans quelques ruelles,rebrousser chemin devient la seule option;vu que la poussette est bien plus grande que l'espace laisse entre deux voitures,et que les trottoirs sont transformes en lieu de stationnement...Se promener a Beyrouth avec poussette (ou ,precisons le,sur chaise roulante) est une aventure en soit... 'o)

Zahi a dit…

Haha, je n'ai pas encore essayé! Ce qui est aussi pas mal sur les trottoirs, ce sont les arbres plantés en plein milieu et dont les branches essuient les visages des personnes dépassant les 150cm ;o)