jeudi 1 septembre 2011

Episode 35 : Par monts et par mer !


L'incroyable mer de nuages en redescendant de Afqa (copyright - Z. Haddad).

Comme promis dans mon précédent blog, revoici mes pérégrinations maritimes et montagnardes que j’ouvre avec une remarque : rouler deux à trois heures de rang pour aller déjeuner avec des amis à l’autre bout du pays est tout à fait normal ici. Amis, Genevois, frileux de prendre un repas du côté de Versoix, à quelques rapides kilomètres, je vous embrasse !
Bref. Ce jour-là, je pars assister au spectacle de fin de colo de vacances d’une petite nièce. Où ? À Afqa ! Où ? Ecoute, très franchement, je ne sais plus où se trouve Afqa. Ce matin-là, j’ai eu beaucoup de mal à me réveiller et, une fois sur la route, j’ai été complètement captivé par la beauté des paysages. Je crois que nous sommes montés dans la montagne, à partir de Byblos, voire de Amchit. Pendant plus de deux heures de routes à lacets, régulièrement entrecoupées de champs de pierres et de déviations inattendues, nous avons grimpé. Ma meilleure moitié a conduit, tout de long. Et, moi, j’ai observé la fierté des vieilles maisons en pierre, en ruine ou en reconstruction, pointillant notre chemin. J’ai vu la majesté des oliviers, la « pimpance » des bougainvilliers, le calme des champs cultivés ou en friche, à flanc de coteau. J’ai aussi entendu les histoires racontées par de profondes vallées dégringolant jusqu’à la mer, celles des paysans m’expliquant les multiples contours du terrain. J’ai imaginé l’essor et la réorganisation à venir d’une kyrielle de mini villages en plein réveil, bourdonnant de projets à leurs quatre coins.
Lorsque, finalement, nous arrivons à Afqa, soulagés de ne pas avoir raté telle ou telle bifurcation, je ne sais toujours pas bien où nous sommes. Le calme et la nature m’emportent encore plus dans mes pensées, seulement troublées par ce chauffard aux inconscientes habitudes, qui nous fait une queue de poisson. Et c’est à ce moment que j’apprends que, aux deux heures de route déjà avalées, nous devons encore ajouter une trentaine de minutes pour rejoindre la colonie de vacances. Franchement dit, cela vaut largement le détour. D’autant que le parfum du thym nous accompagne joyeusement. Avec l’altitude, nous avons arrêté l’air conditionné et ouvert les fenêtres qui se remplissent allègrement de ces effluves uniques, synonymes de liberté. De mon enfance passée dans la montagne libanaise. 
Les Alpes sans les vaches...
Quelques kilomètres plus loin : le silence. Même les cris et les rires des enfants, heureux de retrouver leurs parents, leurs proches et leurs amis, n’y changent rien. L’air est sec, les couleurs saturées… le bonheur dans le pré ! Enfin, presque… C’est plutôt les Alpes et il ne manque que les prés et leurs vaches ! Tout de même assez attardés, nous passons immédiatement à table, bouclons le déjeuner rapidement, et assistons au fameux spectacle présenté par des enfants enchantés.
Deux heures et demi de route, une heure et demie sur place… et nous reprenons déjà la voiture pour redescendre vers la capitale. Moins habile qu’à la montée, notre sens de l’orientation nous mène à suivre la route qui longe l’autre côté de la vallée. Le spectacle y est tout aussi sublime. Sauf que cette fois, c’est une vue directe sur le cratère ovoïde formé par les montagnes qui nous est servie. Délicatement déposés sur le sommet de ce plat, des nuages majestueux nous procurent une drôle de sensation, sur plusieurs kilomètres. Comme une mer de coton, ils sont là, juste en-dessous de nous, confortablement installés sur le pourtour de ce curieux récipient fait de rocaille et de végétaux. Tout au long d’une route éventrée par les rigueurs hivernales, ils nous accompagnent jusqu’à Qehmez, avant de nous laisser poursuivre jusqu’à Mayrouba, Ajaltoun, Jeita et le « Fleuve du chien », qui salue notre retour sur la côte. La boucle est « rezippée » et il ne reste plus que la ligne droite vers Beyrouth, où nous arrivons en début de soirée.
Au final, nous sommes fourbus. Etourdis de tout ce bitume – là où il y en a ! – de tous ces tableaux verdoyants et de savoir que le Liban ne s’arrête pas à sa capitale et à son anarchisme bétonné.
J’en aurai d’ailleurs encore la confirmation quelques jours plus tard à Laqlouq, pourtant guettée par des projets immobiliers mastodontesques. Mais la suite, c’est pour le prochain épisode !
La même mer de coton, un peu plus loin... (copyright - Z. Haddad).

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