vendredi 15 novembre 2013

Episode 45 : mim… fa, sous-sol !

Rhodochrosite (copyright – mim).
À la veille de repartir pour les plaines lémaniques, je profite de quelques heures pour retrouver Beyrouth. Après avoir bouclé les dernières courses, dont mon habituelle récolte de douceurs orientales, je flâne du côté du Musée national et de l’hippodrome flanqué de ses magnifiques pins parasol. Le quartier du Mathaf a bien changé. Si rapidement. Un peu partout, des chantiers ont creusé le sol et bouleversé les habitudes. Une tour, qui semble disproportionnée, se jette dans le ciel, semblant vouloir faire de l’ombre aux bâtisses avoisinantes.
Mais, à un jet de pierre des colonnes en forme de papyrus du vieux musée, c’est une autre construction qui retient mon attention : le tout nouveau campus de l’innovation et du sport de l’Université Saint-Joseph (USJ). Je suis tellement interpellé par son architecture que j’en oublie de l’immortaliser. En marchant, je garde les yeux rivés sur ses formes et sa belle plastique. Le bâtiment est imposant et léger à la fois. Arrivé à son entrée, je découvre une affiche sur laquelle l’USJ annonce le 130e anniversaire de sa faculté de médecine, installée à quelques mètres de là.
1'400 « pièces de mim »
Juste en dessous s’annonce le musée des minéraux ! Ah bon ? Très surpris de la thématique choisie, j’ai envie de tenter l’expérience. Pourquoi pas ? En plus, l’institution n’a ouvert ses portes que depuis quelques jours. Les préposés à la réception m’accueillent avec plaisir : « Bienvenue au mim, c’est une journée porte ouverte aujourd’hui ! », me lancent-ils, tout même interloqués par mon propre étonnement. mim, la 24e lettre de l’alphabet arabe et équivalent du M (musée, mines, minerais) sert de nom à cet espace fier de ses 1'400 pièces provenant de 61 pays. 
L'entrée du musée des minéraux, mim (copyright – Z. Haddad).
L'atrium du musée des minéraux, mim (copyright – Z. Haddad)
Tout un programme que je m’empresse d’explorer en empruntant les escaliers qui plongent sous terre, juste à ma droite. Une volée de marches plus loin, je me retrouve dans un somptueux atrium. La pièce allie modernité et sérénité ; jongle avec les formes et les couleurs dorées ; et finit de piquer ma curiosité. Un regard presque intimidé sur ma gauche et je débute ma visite. Immédiatement, les premières vitrines m’emportent dans un monde méconnu. Après tout, qui a d’habitude envie de voir des minéraux ? Ben… moi !
Les yeux écarquillés, je commence par relire le tableau de Mendeleïev répertoriant les éléments qui ont agité mes cours de chimie, à l’époque du collège. Puis, je déambule au fil de couloirs et de salles à l’atmosphère intimiste. Au milieu d’une collection époustouflante. Imagine, quand même : 1'400 pièces d’une collection privée ! De quoi remplir une maison, son grenier et ses caves ! De quoi démontrer le joli brin de patience de Salim Eddé qui l'a constituée, depuis 1997, en puisant dans les découvertes minières ou les collections anciennes. « J'ai voulu partager cet étonnement pour l'esthétique du monde minéral sur lequel s’est construite la vie sur notre planète, explique ce dernier dans un communiqué de presse. Toutes les personnes qui n’ont jamais été exposées à ce monde ont naturellement tendance à demander : « Qui a sculpté ces formes merveilleuses et poli ces surfaces incroyablement plates ? Tant elles sont persuadées que de tels objets ne peuvent provenir que des mains d’un artiste et qu’il leur est impossible de croire que ce sont les forces de la Nature qui les ont créés. »
À l’ère du digital
Or, à ne pas confondre avec la Pyrite ci-dessous (copyright – mim).
Pyrite, littéralement, la pierre à feu, parfois confondue avec l'or (copyright – mim).
Je n’y entends rien, mais j’adore ! À croire que tout est prévu : les formes, les couleurs, les fonctions. Tu te vois spéléologue, explorateur, alchimiste, chercheur ! Et, côté information, tout est là : animations visuelles, écrans tactiles, projections audiovisuelles, le tout pour expliquer comment des atomes décident un jour de s’organiser pour constituer, sous la pression de l’eau, de la température et du temps, des cristaux qui eux-mêmes construisent des roches ou des métaux… des minéraux. C’est juste fabuleux. Tu te sens minuscule à leur échelle !
En observant ces pièces installées dans leurs confortables écrins sur fond noir, j’en viens à me projeter dans l’espace, comme dans un film de science-fiction. Mais, là, tout est bien réel. Terrien ! Je reviens alors sur la petite bleue et visualise ce que les métaux ont permis d’introduire, tout au long des siècles, dans notre vie quotidienne, que l’on parle d’art et de joaillerie, de chimie et de science, d’industrie et d’électronique. Je vois les échanges qu’ils ont créés et, avec eux, les voies commerciales, à travers la planète.
Je me dis d’ailleurs que, malgré l’absence de minéraux au Liban, cette bande de terre reste à la croisée des chemins, comme elle a toujours su le faire, en présentant, cette fois, ses « pièces de mim ». Et la Suisse dans tout ça ? A-t-elle des minéraux ? « Bien sûr », me répond avec un sourire la conservatrice adjointe des lieux, tout en m’entraînant vers une vitrine. Devant des quartz tout Helvètes, Carole Atallah manipule alors une immense mappemonde digitale sur laquelle elle trouve la Suisse avant de zoomer sur ses reliefs. Tellement simple, tu te croirais en plein milieu des montagnes valaisannes ! Et, encore une fois, je me sens heureux des ponts qui relient ces deux pays.
De retour dans l’atrium, je remercie mon hôte, dont je prends congé, joyeux de ma découverte du jour. En attendant de dénicher d’autres trésors insoupçonnés. Bientôt.

Une explosion de couleurs...
(copyright – Z. Haddad).
 ... et de formes (copyright – Z. Haddad).
"Mère Nature"... (copyright – Z. Haddad).

pour d'extraordinaires sculptures (copyright – mim).





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