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Rhodochrosite (copyright – mim). |
À la veille de repartir
pour les plaines lémaniques, je profite de quelques heures pour retrouver
Beyrouth. Après avoir bouclé les dernières courses, dont mon habituelle récolte
de douceurs orientales, je flâne du côté du Musée national et de l’hippodrome
flanqué de ses magnifiques pins parasol. Le quartier du Mathaf a bien changé. Si rapidement. Un peu partout, des chantiers
ont creusé le sol et bouleversé les habitudes. Une tour, qui semble
disproportionnée, se jette dans le ciel, semblant vouloir faire de l’ombre aux bâtisses
avoisinantes.
Mais, à un jet de pierre
des colonnes en forme de papyrus du vieux musée, c’est une autre construction
qui retient mon attention : le tout nouveau campus de l’innovation et du
sport de l’Université Saint-Joseph (USJ). Je suis tellement interpellé par son
architecture que j’en oublie de l’immortaliser. En marchant, je garde les yeux
rivés sur ses formes et sa belle plastique. Le bâtiment est imposant et léger à
la fois. Arrivé à son entrée, je découvre une affiche sur laquelle l’USJ
annonce le 130e anniversaire de sa faculté de médecine, installée à
quelques mètres de là.
1'400 « pièces de mim »
Juste en dessous s’annonce le
musée des minéraux ! Ah bon ? Très surpris de la thématique choisie, j’ai
envie de tenter l’expérience. Pourquoi pas ? En plus, l’institution n’a
ouvert ses portes que depuis quelques jours. Les préposés à la réception m’accueillent
avec plaisir : « Bienvenue au mim, c’est une journée porte ouverte
aujourd’hui ! », me lancent-ils, tout même interloqués par mon propre
étonnement. mim, la 24e lettre de l’alphabet arabe et équivalent du
M (musée, mines, minerais) sert de nom à cet espace fier de ses 1'400 pièces
provenant de 61 pays.
L'entrée du musée des minéraux, mim (copyright – Z. Haddad). |
L'atrium du musée des minéraux, mim (copyright – Z. Haddad) |
Tout un programme que je m’empresse
d’explorer en empruntant les escaliers qui plongent sous terre, juste à ma
droite. Une volée de marches plus loin, je me retrouve dans un somptueux atrium.
La pièce allie modernité et sérénité ; jongle avec les formes et les
couleurs dorées ; et finit de piquer ma curiosité. Un regard presque
intimidé sur ma gauche et je débute ma visite. Immédiatement, les premières
vitrines m’emportent dans un monde méconnu. Après tout, qui a d’habitude envie
de voir des minéraux ? Ben… moi !
Les yeux écarquillés, je commence
par relire le tableau de Mendeleïev répertoriant les éléments qui ont agité mes
cours de chimie, à l’époque du collège. Puis, je déambule au fil de couloirs et
de salles à l’atmosphère intimiste. Au milieu d’une collection époustouflante. Imagine,
quand même : 1'400 pièces d’une collection privée ! De quoi remplir
une maison, son grenier et ses caves ! De quoi démontrer le joli brin de patience de Salim Eddé qui l'a constituée, depuis 1997, en
puisant dans les découvertes minières ou les collections anciennes. « J'ai
voulu partager cet étonnement pour l'esthétique du monde minéral sur lequel
s’est construite la vie sur notre planète, explique ce dernier dans un
communiqué de presse. Toutes les personnes qui n’ont jamais été exposées à ce
monde ont naturellement tendance à demander : « Qui a sculpté ces
formes merveilleuses et poli ces surfaces incroyablement plates ? Tant
elles sont persuadées que de tels objets ne peuvent provenir que des mains d’un
artiste et qu’il leur est impossible de croire que ce sont les forces de la
Nature qui les ont créés. »
À l’ère du digital
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Or, à ne pas confondre avec la Pyrite ci-dessous (copyright – mim). |
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Pyrite, littéralement, la pierre à feu, parfois confondue avec l'or (copyright – mim). |
En observant ces pièces
installées dans leurs confortables écrins sur fond noir, j’en viens à me projeter
dans l’espace, comme dans un film de science-fiction. Mais, là, tout est bien
réel. Terrien ! Je reviens alors sur la petite bleue et visualise ce que
les métaux ont permis d’introduire, tout au long des siècles, dans notre vie
quotidienne, que l’on parle d’art et de joaillerie, de chimie et de science, d’industrie
et d’électronique. Je vois les échanges qu’ils ont créés et, avec eux, les
voies commerciales, à travers la planète.
Je me dis d’ailleurs que,
malgré l’absence de minéraux au Liban, cette bande de terre reste à la croisée
des chemins, comme elle a toujours su le faire, en présentant, cette fois, ses « pièces
de mim ». Et la Suisse dans tout ça ? A-t-elle des minéraux ? « Bien
sûr », me répond avec un sourire la conservatrice adjointe des lieux, tout
en m’entraînant vers une vitrine. Devant des quartz tout Helvètes, Carole
Atallah manipule alors une immense mappemonde
digitale sur laquelle elle trouve la Suisse avant de zoomer sur ses reliefs. Tellement
simple, tu te croirais en plein milieu des montagnes valaisannes ! Et, encore
une fois, je me sens heureux des ponts qui relient ces deux pays.
De retour dans l’atrium, je
remercie mon hôte, dont je prends congé, joyeux de ma découverte du jour. En
attendant de dénicher d’autres trésors insoupçonnés. Bientôt.
Une explosion de couleurs... (copyright – Z. Haddad). |
... et de formes (copyright – Z. Haddad). |
"Mère Nature"... (copyright – Z. Haddad). |
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pour d'extraordinaires sculptures (copyright – mim). |
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