vendredi 22 avril 2011

Episode 23 : « Basterma, ya chabéb ! »

Marmitonne en second... 
(copyright - Z. Haddad).
Tu la vois ? Si, on l’aperçoit. Discrètement cachée derrière le comptoir, à droite, c’est la marmitonne du chef Mounir qui est à l’œuvre. Assidûment. Rien d’extraordinaire, certes. Mais la surprise vient de la bière qu’elle sirote tranquillement et de la cigarette sur laquelle elle tire comme si de rien n’était. Seule au monde, elle touille, pèle, découpe, tout en additionnant ses préparations de volutes de nicotine et de vapeurs céréalières. J’ai un creux et reste assez zen. À peine inquiet ! D’ailleurs, les internes de l’hôpital, qui se trouve de l’autre côté de la rue, font partie des habitués du lieu. Bon, admettons…
Mais l’essentiel est de l’autre côté. À gauche du minuscule local, capable d’absorber les chalands à la pelle. Là où Mounir himself s’affaire. Il a une dizaine de sandwiches sur le feu et dans les mains. Un vrai jongleur. Tout un art. À mon menu ? « Sandwich bastarma, ya chabéb ! » Des lustres que je n’en ai pas dégusté. Bastarma, c’est la saucisse arménienne – par excellence, je crois. Genre : un monument. La composition te donne le commencement d’une idée : bœuf séché, ail, paprika ou piment, fenugrec. Tout un programme, accompagné de tomates, de concombres nains confits, et de frites épaisses et tendres de préférence.
Calmement, Mounir prépare son intervention : dans son frigo, il attrape des tranches de la charcuterie fameuse qu’il jette presque négligemment sur une grande poêle chaude. Carbonisée, la plaque ! J’hésite à réagir. Mais un interne savoure délicatement un sandwich juste à côté de moi. D’accord : je ne bronche pas. Je patiente. Quelques minutes plus tard, le résultat est phénoménal ! J’adore ! Savoureux et étonnement moelleux.
Il n’y a pas photo, Genève que je viens de quitter, après le Festival international du film oriental de Genève, est bien derrière moi. De même que ses lignes exemplaires sur ses routes, dans ses parcs, dans ses mentalités. « Ahlan fik bi Lébnén ! » Oui : « Bienvenue au Liban ! » Dans le hoquet local.
Un brin alourdit, j’entreprends une balade au centre ville. Indispensable. Devant moi, le port anarchique est néanmoins superbe. Sous les nuages et le vent d’avril. Friscaille. Décidemment, il faisait meilleur au bord du Léman ! Si, si. Un peu partout, des fleurs jaunes agrémentent la vue. Le printemps libanais qui n’en finit plus d’arriver.
Vue sur le port de Beyrouth (copyright - Z. Haddad).

Raser le sommet
Et puis : « Regarde ! » comme on dit ici. Oui, « regarde » ou « écoute ». Pour faire bonne mesure, je décide, poussé par mon vendredi, de passer chez le coiffeur du coin. Rien à voir avec le propriétaire de ce salon qui a pignon sur rue depuis les années soixante et te prodigue mille et un bon conseils comme si tu étais son fils. Que nenni ! Là, je tombe sur cinq jeunes gars branchouilles à volonté : jeans tailles basses troués et délavés, cheveux sculptés au vent, une offre imbattable aux lèvres. En chœur, ils me proposent un soin du visage, une épilation des oreilles et des narines, et/ou une moumoute. Oui, tu « regardes » bien. Surpris et dépassé, je décline dignement et finis par leur répondre : « Aujourd’hui, je prendrai juste une boule à zéro, ya chabéb ! » Sitôt dit, sitôt fait. Zic ! À poil, le crâne ! Dix minutes, top chrono !
Sur le chemin du retour, les nombreux chauves attirent toute ma sympathie. Est-ce aussi à la mode à Genève ? Il faudra que j’y sois plus attentif. La prochaine fois. Pour l’heure, je prépare une rando dans le Nord … ainsi que ma crème solaire pour mon sommet. 
Bon week-end !

2 commentaires:

thomas a dit…

Bonjour Zahi,

J'envisage de prendre un congé sabbatique pour suivre mon amie qui va passer 9 mois à Zahlé. Je cherche des informations sur :
- la situation politique actuelle
- des fermes en wwoofing
- des entreprises françaises implantées au Liban

Comment puis je je te contacter pour te poser ces questions et d'autres ?

thomas

Zahi a dit…

Bonjour Thomas, quelle est ton adresse email?