dimanche 5 juin 2011

Episode 27 : Veaux, vaches… paons, de Servette à Taanayel !


Neiges éternelles sur le "Mon" Liban (copyright - Z. Haddad).

Mardi soir, mon très intelligent téléphone me délivre la nouvelle de la promotion du FCServette en Super League suisse. J’en suis très heureux, tant pour le club qui a pas mal galéré ces dernières années que pour son nouveau stade quelque peu déserté. À en croire l’intellectuel posé sur mon bureau, qui relate le match minute par minute, ce fut une rencontre passionnante. Bien. Un souci en moins pour Genève, je me couche avec, pour horizon, la Békaa, la majestueuse plaine que j’adore, à commencer par sa terre brune et ses paysages à couper le souffle.
Le lendemain matin, nous partons donc en petit comité pour commencer la grimpette dans le Mont-Liban. Ces montées me fascinent toujours autant. En quelques minutes, tu passes de zéro à plusieurs centaines de mètres d’altitude et, plus tu t’éloignes du zéro, moins tu vois de béton. Les pins, puis les paysages vallonnés se succèdent en un interminable enchaînement. Chaque village montagnard à sa spécificité, ses alignements de jeunes arbrisseaux, ses trottoirs flambants neufs, ses œuvres d’art fraîchement dévoilées au public. Mais tous semblent avoir leur maraîcher attitré. Celui qui étale ses fruits et légumes sur le bord du trottoir. Un vrai plaisir des yeux qui peut finir par agacer mes compagnons de voyage, à force de m’arrêter et de faire le plein de saveurs et de couleurs. Pas trop, tout de même, puisque la Békaa, gigantesque verger et potager, approche.
Avant, il faut encore traverser le pont Al Mdeirej, qui est le plus haut du Proche-Orient, inauguré en 1998, détruit en 2006 et reconstruit depuis. Sur 430 mètres, tu roules sur les piliers plantés plus de 70 mètres plus bas. Dessous, donc, le spectacle est à couper le souffle. Partout, la montagnes, ses vallées, ses forêts et ses bourgs. À perte de vue. C’est sublime !
Ensuite, tu redescends vers Chtaura et ses mythiques sandwiches à la labneh. Rapide parenthèse sur cette fabuleuse préparation, qui me permet de démarrer mes journées… en plus d’une certaine pâte au chocolat et aux noisettes, bien sûr. La labneh donc se prépare à partir de yaourt qu’il faut égoutter et laisser reposer l’espace d’une nuit. Le résultat se savoure avec un filet d’huile d’olive, des feuilles de menthe fraîche, et quelques légumes, genre concombres et tomates. C’est simplement extraordinaire !
Après Chtaura, c’est la Békaa qui s’ouvre devant tes yeux admiratifs. Le tiers du Liban pour un véritable tableau impressionniste qui se dévoile avec de magnifiques couleurs saturées : le brun foncé de la terre fertile, le beige des champs céréaliers, le vert, sous toutes ses nuances, des champs et des prés, et le gris bleu des montagnes tachetées du blanc de la neige éternelle. Installé à quelque neuf cents mètres d’altitude, le plateau s’étale sur deux poignées de kilomètres du Mont-Liban jusqu’à l’Anti-Liban. En parcourant la route qui longe la Bekaa, sur tout ou partie de ses cent vingt kilomètres, tu te rends compte de cette diversité dévoilée par un vent qui balaie les marais, les arbres fruitiers et autres réserves naturelles.
Le lac de Taanayel (copyright - Z. Haddad).
Bref. Nous nous arrêtons à Taanayel, connue pour ses produits laitiers. Mondialement, sûrement ! Après avoir salué les vaches productrices et les deux paons qui font les beaux et la roue dans la ferme du coin, nous entamons une balade champêtre, direction le lac de Taanayel. Au bout d’un chemin forestier, tu arrives dans ce romantique petit coin de paradis qui entoure la petite étendue d’eau et la balade quotidienne des canards locataires. Perso, je ne sais plus où je suis. J’ai l’impression de retrouver la Suisse montagnarde, l’Italie lacustre, la France campagnarde. Des champs labourés, des mares, des troncs centenaires, des fleurs. Quelle est belle notre planète ! Et, là, il n’y a plus qu’à tourner, main dans la main. Ce que nous faisons, aux anges !
Pour ponctuer cette mini randonnée, nous nous installons dans un restaurant pris d’assaut, en cette chaude journée printanière, par les familles, déclinées en ribambelles de générations, de couples et d’enfants. Mais la foule s’oublie aussitôt que nous découvrons le jardin, sa pelouse impeccable et ses roses géantes. Allongé dans le gazon, j’en viens à penser au Parc La Grange, au bord du Léman, et regrette que la capitale ait quelque peu oublié d’aménager ses espaces verts.
Pas le temps de philosopher, nous reprenons la route pour éviter les embouteillages de début de soirée. Sur le chemin, nous faisons encore quelques arrêts fruits et légumes et partageons les plaisirs de la journée, les mirettes pleines de lumière.
Les blés békaiotes (copyright - Z. Haddad).

Découverte étonnante (copyright - Z. Haddad).

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