samedi 12 novembre 2011

Episode 38 : Bilan du Liban


Lundi 7 novembre ! Au moment de me lever, cette date brille de tous ses feux dans mon esprit. Elle est une évidence. Jusque-là, le congé sabbatique m’a quelque peu fait oublier la notion du temps divisé en heures, jours, semaines. Mais, là, plus possible d’échapper aux secondes inéluctablement égrenées dans le grand sablier universel. Le lundi 7 novembre résonne comme la cloche à l’appel d’un nouveau round de boxe. Dans une semaine, en effet, ce sera le retour à la réalité. Genève, le Léman sous la brise hivernale, et surtout un nouveau travail avec ses horaires réglés comme du papier à musique. Une certaine routine aussi que j’attends maintenant de retrouver. À quelques différences de décembre 2010.
Tout en recul... pour mieux sauter!
La première me dit que j’ai pleinement profité de cette dizaine de mois et pris le recul souhaité. Les dernières désillusions quant à la droiture de ceux – et celles – qui me gouvernaient se sont diluées dans les promesses que je me suis faites, avec pour seule quête celle de l’harmonie stimulée par mes seules valeurs, mes seules envies, mes seuls besoins. En tout cas de façon prioritaire, tout de même loin d’un banal égoïsme. Cette sagesse espérée devrait me permettre d’observer le chaos ambiant avec distance, sans pour autant me laisser submerger immédiatement.
Mille et une nuits
Lorsqu’une période de vie est ainsi limitée dans le temps, on sait et on sent qu’elle va filer à grande vitesse et qu’on la verra effectivement courir. D’ailleurs de sept, mon congé est passé à dix mois. Cette prolongation est due à des débuts libanais quelque peu toussoteux. Dans un appartement en chantier, j’ai d’abord dû composer avec les fables et les contes « shéhérazadiens » proposés par mes ouvriers et l’entrepreneur en charge – tu parles d’une charge ! J’ai raconté, dans quelques-uns de mes précédents blogs, à quel point le système en vigueur peut-être épuisant et la façon dont il faut alimenter ce marché parallèle si l’on entend progresser : sourires, félicitations cum mega laude, bien sûr, discrets pécules, les motivations se complètent allègrement. Au final, j’ai appris à relativiser et à réaliser que ce microcosme n’est que le reflet d’une société tout entière, déshabituée de toutes règles, si ce n’est celles encore toutes tribales qu’elle a héritées et maintient coûte que coûte pour le bien de chacune de ses composantes, de haut en bas, de gauche à droite, du lundi au dimanche.
Envolées lyriques
Deuxième objectif de mon voyage au Liban, c’était l’écriture. La libération de ma plume. Un peu timide au début, ce blog a rappelé à l’ordre un brin de spontanéité dans mes idées. Je m’exprime plus librement et surtout plus volontiers. Conformément à un modèle helvétique bien ancré en moi, je me suis enfermé dans la culture de la discrétion et d’une certaine forme de secret. Au Liban : non, on raconte tout ! Non, pardon, on est obligé de tout raconter. Tu as un problème gastrique que tu évoques en passant, toute la république rapplique au secours avec mille et un remèdes de grands-mères et autres conseils avisés. Un charme indescriptible et souvent indéchiffrable pour nombre d’Occidentaux de passage de l’autre côté de la Méditerranée. Ce mélange de réserve et de prudence était aussi largement de rigueur dans mon dernier travail. Contrôle et méfiance. Castration intellectuelle à tout berzingue ! Mais la meilleure nouvelle pour ce blog sympathique est de savoir qu’il est aujourd’hui suivi dans une cinquantaine de pays par plusieurs milliers de personnes que je remercie chaleureusement de leur soutien passé et à venir.
« Z Link »
Mon séjour m’a aussi permis de mettre sur pieds une agence de relationspubliques afin de formaliser mes activités culturelles entre mes deux pays. Concerts, expositions, projections de films et autres liens sociaux-culturels pourront ainsi s’appuyer sur cette structure pour se développer en Suisse et au Liban. Parmi les projets futurs, la présence de films libanais au prochain festival du film oriental de Genève et, pourquoi pas, un nouveau concert de Charbel Rouhana.
Essai et cliché
Et puis, le projet qui me tenait particulièrement à cœur était la rédaction d’un essai personnel (à suivre).

2 commentaires:

Beber a dit…

Juste te remercier pour ces instants de partage.

Que la force soit avec toi pour ce retour et vivement une bonne table pour t'écouter après t'avoir lu.

Rémy

Zahi a dit…

Mille mercis, Rémy, c'est très sympa de ta part! "Oui" à la bonne table! :o)